Les processus BIM nous amènent à devoir apprendre un nouveau langage universel, celui de l'openBIM. Ce langage nous est familier, puisqu'il décrit une réalité construite dans un modèle numérique virtuel, et à la fois il demande une grande rigueur pour ne pas laisser place à de multiples interprétations. Cet apprentissage de la rigueur est probablement la plus grande marche à franchir pour fiabiliser et garantir la donnée. Cet effort supplémentaire est parfois mal vécu et l'on voudrait que le système soit là pour "faire" à notre place mais c'est un piège, il faut savoir décrire, filtrer et contrôler la donnée.
Pourquoi un nouveau site consacré au BIM ?
Si l'openBIM est la seule option viable pour le partage de données, il faut reconnaître que l'apprentissage de ce langage n'est pas forcément aisé, et ce pour différentes raisons, comme j'ai pu le mettre en évidence dans ma thèse réalisée au sein du Mastère Spécialisé BIM de l'Ecole des Ponts, l'ESTP et Arts et Métiers. Voici les raisons de cette difficulté :
- diversité et inconsistance d'implémentation dans les logiciels-métiers
- documentation sur les IFC trop technique et peu traduite en français
- mauvaise compréhension des classes et logiques géométriques de l’IFC
- pas de vision sur la complémentarité des standards (IFC, classifications, LOD) et leur inscription dans des usages-métiers
- problèmes d’import/export entre logiciels.
Dans ma pratique quotidienne d’architecte et de BIM Manager, je remarque que 5% des propriétés standardisés dans l’IFC nous permettent déjà de faire un grand bon en avant dans la gestion de l’information du projet avec nos partenaires. Si chacun renseigne et exporte correctement ces quelques paramètres collaboratifs (identification des ouvrages, caractère structurel, résistance au feu, qualification des locaux, etc.), les échanges seront beaucoup plus fluides !
Prenons l'exemple d’une cloison, si l’architecte renseigne simplement sa résistance au feu requise de manière normalisée, c’est utile à l’économiste pour chiffrer et décrire, au bureau d’études fluides pour mettre en place des clapets coupe-feu, au bureau de contrôle pour sa mission, et même au gestionnaire de patrimoine pour éviter que des travaux futurs remettent en cause des exigences réglementaires.
Finalement, l’objectif de BIMstandards est de vulgariser le langage de l'openBIM, et de montrer que l’IFC fonctionne très bien pour tout ça et permet de collaborer efficacement ; à côté de ça les petits bugs de conversion géométrique sont mineurs et de plus en plus rares avec l’évolution de la norme IFC.
Concrètement, l’idée est de mettre cote à cote les 3 enjeux pour une collaboration efficace :
- Le contexte métier (l’objectif sans lequel le BIM n’a aucun intérêt)
- Le vecteur d’échange (l’IFC et ses possibilités)
- La mise en oeuvre (à travers les outils logiciels)
L'objectif était donc de créer un site d'information et d'échanges qui puisse rassembler l'ensemble des acteurs (spécialistes-métiers, organisme de standardisation, éditeurs de logiciels, etc) avec les objectifs suivants :
- un langage commun
- des exemples pratiques correspondants à des scénarios d'échanges réels
- ne pas reproduire tous les mêmes erreurs
- sécuriser les échanges
- parler un même langage, accessible à tous, de la plus petite à la plus grande entreprise
Le schéma ci-dessous représente le rôle que je souhaite donner à cette plateforme auprès des acteurs en place.
Un premier prototype qui évolue rapidement.
L'un des premiers travaux que j'ai mené pour la site a été de traduire les classes d'objets IFC en français, en prenant en compte les subtilités introduites par les PredefinedType, trop souvent ignorées et pourtant très utiles. Ce tableau intègre également la correspondance avec les dénominations d'outils dans 3 logiciels principaux (Allplan, Archicad et Revit), ce qui met en évidence certaines difficultés à faire transiter les objets de manière native d’un logiciel à un autre.
Plus récemment, j’ai souhaité réaliser un article spécifique sur classifications applicables au BIM, après avoir remarqué dans ma pratique de BIM Manager qu’elles ne sont pas toujours bien comprises, surtout au niveau français puisqu’il n’existe pas encore de classification développée dans ce contexte.
Développements futurs
En l’état actuel, la philosophie de la plateforme est posée mais il reste encore beaucoup à faire, et j’ai beaucoup d’idées en attente de mise en oeuvre, notamment la production d’une check-liste de l’openBIM accompagnée de fiches-méthodes, permettant à chacun de vérifier en quelques étapes qu’un modèle numérique est conforme aux principes de bases des échanges openBIM : géoréférencement, structure hiérarchique de l’IFC, attribution des classes d’objets, classifications, spécificités géométriques, réglages d’export IFC, etc.
Un site réellement collaboratif, en toute transparence.
L’ensemble de ce site est construit sur la plateforme Github, ce qui permet à chaque visiteur, s’il le souhaite, de proposer des améliorations du contenu en ayant directement accès au code source.
Cet aspect collaboratif a d’ailleurs été testé avec succès par Laurent Henin et Gabriel Castel pour compléter les correspondances Allplan dans la liste des objets IFC.
Vous l’aurez compris, j’en appelle donc aux bonnes volontés qui pensent comme moi que l’openBIM est notre avenir et que cette période charnière est aussi l’occasion de tester des méthodes qui évoluent très vite pour les façonner au mieux à notre pratique professionnelle.
Vous pouvez consulter le site web de BIMstandards à l'adresse suivante : www.bimstandards.fr
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